Des millions de diabétiques pourraient à l’avenir se passer de leurs injections d’insuline si l’efficacité d’une nouvelle technique de greffe de cellules mères dans le pancréas, expérimentée avec succès par un groupe de médecins argentins, devait être confirmée à grande échelle.
Cette méthode inédite n’induit pas de risques de rejet du greffon, ne nécessite pas d’hospitalisation prolongée et peut être réalisée par n’importe quel spécialiste en endoscopie, a expliqué à l’AFP le cardiologue argentin Roberto Fernández Viña.
Le Dr Viña est le coordinateur de l’équipe qui a réalisé avec succès la première greffe de ce type chez un patient insulino-dépendant à la Clinique San Nicolas, située dans la ville éponyme (à 270 km au nord de Buenos Aires).
La méthode consiste à extraire des cellules-mères de l’os iliaque et après un traitement en laboratoire à les implanter dans le pancréas grâce à un cathéter introduit dans l’artère fémorale, voie d’accès au pancréas.
«Il s’agit d’une technique inédite parce qu’elle fait appel à des cellules mères et non à des cellules embryonnaires comme cela se faisait jusqu’à maintenant et par la voie d’accès choisie, une artère directe et non une veine périphérique», a souligné le Dr Viña. La méthode, selon lui, «ouvre un champ de recherche énorme» pour le traitement d’autres pathologies, comme l’hépatite C.
Les cellules mères présentent la propriété de «copier» les informations qu’elles rencontrent dans l’organe où elles sont déposées.
Les diabétiques souffrent d’une carence dans le pancréas de cellules «beta», chargées de produire l’insuline qui permet à l’organisme de réguler les niveaux de glucose dans le sang. L’introduction de cellules mères dans le pancréas stimule la reproduction des cellules beta, augmentant ainsi la capacité de production d’insuline nécessaire pour équilibrer le taux de sucre.
Le 3 janvier, l’équipe du Dr Viña a réalisé la première greffe de ce type chez un patient de 42 ans contraint de s’injecter de l’insuline depuis dix-sept ans.
Les tests effectués depuis incitent à l’optimisme dans la mesure où les niveaux de glucose dans le sang du patient se sont stabilisés sans aide pharmaco-chimique.
«De toutes manières, il faut rester prudent…», a averti le médecin. «Chaque patient est un cas distinct» et il est possible que le pancréas réponde de manière diverse en cas de greffe.
La nouvelle technique est le fruit d’une recherche engagée en 2003 en Argentine sur l’implantation de cellules-mères dans le coeur pour réparer des tissus endommagés à la suite d’un infractus.
La thérapie cellulaire est une intervention qui peut être effectuée plusieurs fois chez le même patient, qui peut rentrer chez lui le lendemain de l’opération.
Une deuxième étape débutera le 1er février avec la sélection de 35 patients entre 22 et 65 ans, sur les 500 volontaires pour une greffe.
«Nous allons retenir à la fois des diabétiques dont les cellules beta ne peuvent déjà plus produire d’insuline et d’autres qui doivent renforcer leur production d’insuline à travers la prise de médicaments», a-t-il dit.
«Nous souhaitons en faire un traitement dont on puisse voir rapidement les résultats, sans qu’il y ait besoin d’attendre des années», alors que la maladie connait une forte recrudescence du fait de l’obsésité et la vie sédentaire.
On estime que 2,5 % de la population argentine (soit près d’un million de personnes) souffre de diabète, même si beaucoup de personnes touchées ignorent leur condition.
Référence : http://www.cyberpresse.ca/technosciences/article/article_complet.php?path=/technosciences/article/22/1,5296,0,012005,895791.php